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Paul-Henri Mathieu, sa deuxième vie

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Donné perdu pour le tennis, Paul-Henri Mathieu a montré une nouvelle fois ses qualités de combattant. Après une lourde opération de la jambe, qui l’a éloigné des courts pendant onze mois, l’alsacien a réalisé l’un des plus beaux come-back de l’histoire du tennis, que beaucoup comparent à celui de Thomas Muster. Agé de 31 ans et père depuis l’an dernier d’un petit Gabriel, Paulo revient sur sa deuxième vie, la place de sa famille et sa nouvelle approche du tennis définitivement plus axée sur le plaisir. Entretien.

 

Novembre 2010, Paul-Henri Mathieu se réveille le genou enflé, au matin de son deuxième tour programmé au tournoi de Bâle (Suisse). Victime d’arthrose, causée notamment par une morphologie de jambe trop arquée, il se voit obligé de subir une opération extrêmement lourde. Appelée ostéotomie tibiale, elle consiste à fracturer le tibia et le péroné afin de redresser la jambe. S’ensuivent 11 mois laborieux de convalescence, de rééducation et d’entraînement.  Là où d’autres y auraient vu un clap de fin venu du destin, signe qu’il est temps d’arrêter, Paulo y lit au contraire un nouveau pari à relever.

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TennisAddict : En 2010, tu as presque 30 ans. Après avoir déjà connu deux opérations des ménisques et une pubalgie lors de ta carrière, comment as-tu trouvé la force nécessaire pour rejouer au tennis? Tu n’as pas eu envie d’arrêter ?

Paul-Henri Mathieu : « J’y ai pensé bien sûr. Mais au contraire, je dirais que l’opération a été l’occasion de relever un nouveau challenge. Je ne voulais pas finir sur une blessure. Quelque part, l’opération aura été un mal pour un bien. À partir de 2008, j’avais commencé à ressentir une certaine lassitude s’installer. Un sentiment que connait la plupart des joueurs à un moment ou à un autre.  Ce coup dur m’a redonné un regain d’énergie. Un sens nouveau à ma carrière… »

 

 Objectif : «  Un gros coup 
en grand chelem »

 

Tu confies  « Ça m’a forcément rendu différent, sur le court et dans la vie de tous les jours ». Concrètement, c’est plus de plaisir, moins de pression… ?

PHM : « Moins de pression oui, même si c’est très relatif. Dans le sens où je n’ai pas l’angoisse de ne pas réussir à payer mes factures en fin de mois ! Ceci dit, je ne pense plus au classement. Aujourd’hui c’est le dernier de mes soucis. En 2012 par exemple, je n’ai pas chargé mon calendrier. Alors qu’avant, j’aurais multiplié les matchs pour engranger les points… Je suis reparti complètement à zéro (ndlr : PHM a débuté l’année 2012 non classé sur le circuit ATP) pour remonter à la 50ème place. Je considère que c’est déjà beaucoup… Cette épreuve m’a fait prendre du recul.»

Quelles sont tes ambitions aujourd’hui ? Tu as toujours été capable de réaliser de grosses performances et d’accrocher les meilleurs sur leur surface de prédilection (Nadal à Roland Garros, Roddick à Wimbledon …). Est-ce que tu t’es fixé un objectif à atteindre ?

PHM : « Regagner au moins un tournoi… et faire un gros coup en Grand Chelem, que ce soit un troisième tour ou pourquoi pas une demi-finale. » 

… Comme battre Nadal à Roland Garros ?

PHM : « Pourquoi pas ! (Sourire) Si ça peut être contre un grand joueur à Roland Garros ce serait le rêve. Quitte à perdre au tour suivant par manque de fraîcheur. »

Tu es revenu sur ta terre natale pour disputer le championnat de France par équipes avec Strasbourg en 2012. Peux-tu nous en donner les raisons ?  

PHM : « Jouer pour le TC Strasbourg était une opportunité intéressante de revenir dans la région (ndlr : voir reportage sur ce sujet p.12-13). J’y ai grandi, une partie de ma famille y vit et je me suis toujours senti alsacien. C’est aussi un moyen de rendre ce qu’on m’a apporté quand j’étais jeune. En espérant reproduire l’expérience. Mais ça dépendra de la tournure que prendra ma saison. » 

 

« Les gens se sont identifiés à moi »

 

Pour revenir sur ce qui a changé depuis ton come-back, apparemment, le contact s’est resserré avec le public. Comment expliques-tu cela ?

PHM : « Oui. Surtout depuis le reportage que m’a consacré le magazine Intérieur Sport de Canal+. Le fait d’avoir partagé mes difficultés, je pense que ça m’a rendu plus humain auprès du public. Les gens se sont un peu identifiés à moi. Quand on voit un joueur traverser des mauvaises passes comme tout le monde et filmé dans son quotidien, ça rapproche. »

Tu as eu le prix Citron en 2007. Une « récompense » remise à Roland Garros aux joueurs de caractère plutôt désagréables. Pourtant tu sembles être le joueur le plus correct du circuit… 

PHM : « Ah oui, c’est un malentendu ! Je l’ai reçu à un moment où ce prix est devenu celui du joueur reconnu pour sa combativité, sa ténacité et son tempérament… » 

On loue souvent ton humilité en exemple, ça fait partie de ta personnalité ? Le statut l’impose ?

PHM : « Je n’ai jamais joué un rôle. Rester naturel et moi-même m’est toujours apparu comme une évidence. Et de manière générale, c’est dans la définition même d’un joueur de tennis de haut niveau d’être humble… »

 

“La famille est primoridiale dans un sport égoïste”

 

Tu as 31 ans cette année, papa pour la première fois d’un petit Gabriel depuis 2012, cela change aussi la donne. Tu dois en plus concilier ta vie de famille et ta carrière, sans cesse partir sur des tournois aux quatre coins du monde. Qu’est-ce qui a changé ?

PHM : « On aborde forcément les choses différemment. J’ai acquis beaucoup de recul par rapport à tout un tas de choses…J’essaie de passer le maximum de temps avec mon fils et ma famille. Ce qui n’est pas évident. On profite des moments où l’on se retrouve tous ensemble. Ceci dit, ce n’est pas atypique, de nombreux joueurs sur le circuit ont des enfants.  Mais j’avoue que c’est parfois difficile de partir. La famille est la chose la plus importante,  et même primordiale d’autant plus dans le monde du tennis qui est un sport égoïste. »

 

La troisième vie ?

Penses-tu rester dans le monde du tennis après avoir raccroché les raquettes ? Ou bien vises-tu une nouvelle vie totalement différente, façon Yannick Noah devenu chanteur, ou à la Marat Safin, aujourd’hui élu au parlement russe ?

PHM : « Je n’envisage pas de reconversion aussi différente pour l’instant. Pourquoi ne pas garder un pied dans le tennis. Dans une dizaine d’années ou plus, si on me sollicite pour contribuer à entraîner l’équipe de France de Coupe Davis, ou en devenir capitaine, j’avoue que ça me plairaît bien. »

Et entraîneur d’un joueur ?

PHM : « Alors là, c’est sûr que non. J’ai assez voyagé ! »


 

La biographie de 
Paul-Henri Mathieu

Né le 12 janvier 1982, à Strasbourg

• 1,85 m, 74 kg

• Meilleur Classement : 12ème (2008) 

• 4 titres (Lyon et Moscou en 2003, 
Casablanca et Gstaad en 2008)

• Finaliste de la Coupe Davis (2002)

• Formé à l’Insep et à l’académie Bollettieri


 

Celui qu’on surnomme affectueusement Paulo ou PHM a débuté le tennis à l’âge de quatre ans. Il commence à jouer au TC Lingolsheim(67), avant d’intégrer une section sport-étude à Reims à onze ans, puis l’Insep à 14 ans. L’année suivante il part pour la Floride, s’entraîner au sein de la célèbre académie fondée par Nick Bollettieri (où ont été formés des stars comme Agassi, Courier, Seles ou Sharapova). Une école « à l’américaine », avec un entraînement basé sur « énormément de paniers de balles, encore et encore, tous les matins, avant les phases de jeu l’après-midi ». Il y croisera notamment Xavier Malisse.  

Pendant sa carrière en junior, Paulo a gagné l’Orange Bowl en 1997 et surtout le tournoi Junior de Roland Garros en 2000. 

Au cours de sa carrière senior, le français a atteint pas moins de six fois le stade des huitièmes de finale en Grand Chelem. Et remporté quatre tournois, en indoor et sur terre battue. On se souvient aussi de sa participation à la finale de la coupe Davis en 2002. Opposé à Mikhail Youzhny lors du match décisif, il frôle la victoire avant de perdre en 5 sets. Cette défaite dont il aura du mal à se remettre l’a définitivement révélé au grand public. Au cours de sa carrière, l’ alsacien peut s’enorgueillir d’avoir battu Roddick, Davydenko, Safin, Moya, Kuerten et même Pete Sampras, qu’il est le dernier à avoir vaincu sur le circuit. 

DES MATCHS D’ANTHOLOGIE À VOIR ET À REVOIR !

Au-delà du palmarès, Paul-Henri a surtout marqué les esprits par sa combativité et des matchs d’anthologies à la pelle. Avec pour scène principale Roland Garros. A 20 ans en 2002, pour son premier match sur le central, le Français alors 101eme mondial et invité par l’organisation, met d’entrée de jeu une gifle à André Agassi en remportant les deux premiers sets (6/4, 6/3). Il passe tout près de l’exploit en se procurant notamment des balles de 4/1 au cinquième set.  

Plus impressionnant encore, en 2006, il fait trembler Nadal lors d’un combat de près de cinq heures. Là aussi après une excellente entame de match. Score final 5-7, 6-4, 6-4, 6-4. Et le respect de tous les amateurs de tennis. Et que dire de son dernier marathon sur la terre battue parisienne en 2012, avec à la clé une victoire sur John Isner en 5h40 !(6-7, 6-4, 6-4, 3-6, 18-16). Après le match, il avouera même avoir joué avec un orteil fracturé… Puis avoir dit à Nicolas Mahut, auteur du match le plus long de l’histoire contre le même Isner à Wimbledon : « je t’ai vengé ! »

Qu’il gagne où qu’il perde, Paulo séduit par l’intensité de son jeu : l’engagement qu’il met dans chaque frappe, son revers fulgurant, ses angles courts croisés improbables des deux côtés du court ou son coup droit lifté…Outre l’intensité dramatique de ces rencontres, sa performance, alternant tour à tour tennis rigoureux et tennis champagne, en font un joueur à part. Des moments cultes à voir et à revoir.

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Pour suivre PHM :

Compte Twitter : @Paulomathieu

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Rubrique : Paul Henri Mathieu – Genève · Athlète · 6.281 mentions J’aime

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