TennisAddict

Le Guide 2023

Je consulte

Suivez-nous

Interview d’Ana Ivanovic

Suivez-nous ou partagez :

“Mon passé est une force”

SYMBOLE DE LA FÉMINITÉ ET DU GLAMOUR, ANA SE LIVRE À COEUR OUVERT EN EXCLUSIVITÉ POUR NOTRE MAGAZINE

 

TON HISTOIRE

Lorsque tu étais jeune, nous avons lu que tu jouais dans une “piscine olympique abandonnée”, et que tu étais obligée de programmer tes entrainements tôt le matin durant les accalmies des bombardements de l’OTAN sur Belgrade durant la crise du Kosovo de 1999. Comment as-tu réussi à devenir une jeune prodige dans un tel contexte?
C’est sûr, ce n’était pas facile, mais j’étais très déterminée et très entourée par ma famille.Les entraînements dans une piscine peuvent sembler étranges mais en fait, nous n’avions jamais rien connu d’autre,c’était très amusant de jouer là-bas,et nous profitions au maximum de ce que nous avions.La guerre et les bombardements étaient évidemment une période très difficile pour ma famille et moi-même,mais mes parents ont su me protéger, ainsi que mon frère.Les écoles étaient fermées, et beaucoup de gens n’allaient plus au travail, alors on se retrouvait tous les jours avec les autres membres de notre famille, et c’est ainsi que nous avons traversé tous ensemble cette épreuve.

Tu as été ensuite aidée par un Tennis Angel suisse …
Lorsque j’ai eu 12 ans, on m’a offert un contrat afin de m’entraîner en Suisse et de jouer en tournois sur le circuit junior autour du monde. Je rêvais de devenir pro depuis que j’étais toute petite, et c’était la première fois que ma famille et moi-même pouvions toucher ce rêve du doigt. Alors on s’est assis, on en a discuté, et avons décidé d’y aller. Ma mère a quitté son travail afin de m’accompagner sur les tournois. Malheureusement cette société a fait faillite, mais j’ai eu la chance de rencontrer mon actuel manager Dan Holzmann, qui m’a aidé financièrement, en payant mes coaches et voyages jusqu’à ce que je gagne assez d’argent avec les primes de jeu.

Quelle est l’influence de ton enfance dans ta vie de tous les jours?
C’est très difficile à dire, mais il est évident que nous sommes tous façonnés par notre enfance. D’ailleurs, la psychologie de l’enfance est l’un de mes sujets favoris. J’étais très heureuse et j’avais une vie de famille stable. Cela m’a énormément aidé, car ce n’était pas un sujet de préoccupation. Venant de Serbie à cette période-là, au début de ma carrière, nous étions traités avec suspicion dès que nous montrions notre passeport dans les aéroports. Ce n’était pas très agréable. Mais cela m’a encore plus donné envie de réussir et m’a aussi enseigné qu’il ne faut pas juger les gens en fonction de leurs origines.

Quels sont les joueurs que tu admirais lorsque tu étais jeune? Et maintenant ?
J’ai commencé à jouer au tennis grâce à Monica Seles. C’était mon héroïne étant jeune. J’ai eu la chance de la rencontrer plusieurs fois et c’est une bonne personne en plus d’être une bonne joueuse. Sinon, j’admire Federer, Nadal et Novak. Chacun d’entre eux m’apprend des choses différentes.

Tu connais Novak Djokovic depuis très longtemps. Comment était-il enfant ? A-t-il changé en grandissant, puis en accédant au top ?
La première fois où nous nous sommes rencontrés, nous avions 4 ans, dans les montagnes serbes où nos familles skiaient. Nous étions très bons amis, ce qui nous a aidés puisque nous vivions les mêmes expériences à travers le tennis. Novak a toujours été un gars très sympa. Lorsque nous étions enfant, il avait déjà cette attitude positive qu’il a toujours aujourd’hui. Je dirai qu’il n’a pas beaucoup changé. Il est peut-être un peu plus calme qu’auparavant, ce qui est par ailleurs un élément déterminant dans sa réussite actuelle.

En 2012, tu reviens au top. Que dois-tu encore améliorer afin de redevenir Numéro 1 Mondiale?
La route est encore longue. Mon service s’améliore et mon coup droit est devenu plus fort mais je dois être plus constante, notamment avec mon coup droit : il peut me permettre de gagner plein de matchs, mais il peut aussi me faire défaut. Il est aussi très important que je reste calme, et ne sorte pas de mes gonds.

 

TON OPINION SUR LE TENNIS FÉMININ

Cette édition de notre magazine est dédiée aux femmes. Que penses tu des critiques actuelles à l’encontre du tennis feminin (un peu ennuyeux, uniformité des styles de jeux, pas de superstar au top depuis les années 2000, une nouvelle numéro 1 toutes les 2 semaines…).

Je pense que c’est injuste. Si tu regardes attentivement le Top 10, il y a plein de styles différents: Sharapova et Kvitova ont des jeux très différents, tout comme Stosur et Azarenka, etc. Si les gens recherchent des serveuses-volleyeuses, alors ils vont effectivement penser qu’il n’y a pas beaucoup de variété, mais en tant que pro nous détaillons chacune de nos adversaires, et nous voyons que chacune à un style bien propre à elle. Je pense aussi qu’il y a beaucoup plus de bonnes joueuses de nos jours. Les premiers tours deviennent de plus en plus difficiles. Je dirai donc que le niveau moyen du tennis féminin est élevé.

Penses-tu que le circuit féminin peut s’améliorer? Comment ?
J’aimerais qu’il y ait plus de tournois mixtes. La WTA et l’ATP ont oeuvré afin de combiner plus d’évènements, et j’espère qu’ils vont le faire encore plus. Ce serait bien aussi si plus de tournois et de courts étaient équipés du Hawk-Eye, mais je comprends que cela coûte cher.

Tu as dit dans une interview l’année dernière : «C’est tellement plus détendu sur le circuit des hommes que sur celui des femmes, et bien plus sympa. Ils bossent dur, mais il y a un environnement tellement plus positif ». Pourquoi ?
Je pense que c’est lié à la différence entre filles et garçons. Je crois avoir dit ça après avoir joué la Hopman Cup avec Novak et j’ai vu comment il était détendu avec son équipe. C’était incroyable à voir. Je suis très organisée et j’ai besoin que mes heures d’entrainements soient toutes calées, mais Novak et son équipe sont beaucoup moins stressés et à priori,ça marche!
Aussi, les garçons sont capables d’être beaucoup plus relaxés face à leurs adversaires: ils peuvent aller boire une bière avec eux, alors que les filles sont différentes et préfèrent rester au sein de leur propre équipe. Le circuit masculin est un environnement plus amical.

Remarques-tu encore des inégalités entre le circuit masculin et féminin?
C’est difficile à dire. Je pense que les choses sont très équilibrées de nos jours, comme par exemple les primes de jeu. Je n’ai pas revendications particulières.

 

TON ÉQUIPEMENT

TennisAddict demande à chaque champion d’ouvrir son sac pour nous faire découvrir son matériel. Peux-tu nous dire ce qu’il y a dedans?
Beaucoup de choses ! Il y a mon équipement : raquettes, visière, poignets, robe, nourriture (quelques barres énergétiques et une banane), un livre, un bandeau pour les cheveux et un baume à lèvre. J’ai aussi un marqueur avec un pochoir Yonex au cas où la personne qui corde ma raquette ne l’ait pas.

Pourquoi as-tu choisi cette raquette?
Ce que j’aime le plus dans ma raquette Ezone est qu’elle me donne un maximum de spin. Je peux frapper la balle très fort tout en gardant du contrôle. J’aime aussi sa cosmétique : très sophistiquée !

As-tu changé d’équipement depuis le début de ta carrière pro ? Si oui, pourquoi ?
Oui. J’ai changé de raquette, de Wilson à Yonex. J’ai aussi changé de vêtement: de Nike à adidas. Ces deux changements convenaient parfaitement à mon style. Je préfère le design d’adidas à celui de Nike. Au sujet des raquettes, je suis tombée amoureuse des raquettes Yonex dès la première fois où je les ai utilisées : elles ont tellement plus de répondant que toutes les autres avec lesquelles j’ai pu jouer auparavant.

EN DEHORS DU TENNIS…

Quelle est la chose la plus folle qu’il te soit arrivée, ou que tu aies vue, sur un court de tennis?
Il y a eu plusieurs choses étranges, mais je dirais le tournoi de Toronto l’année dernière, lorsqu’un projecteur est tombé sur le court et s’est brisé, proche de blesser un ramasseur de balles. C’était très effrayant. Le match a été suspendu puis nous avons poursuivi sur un autre court.

Quel est ton loisir préféré?
La lecture.
Ta chanson préférée ?
Je n’ai pas une unique chanson préférée, mais l’une d’elle est “Use Somebody” des Kings of Leon
Groupe/chanteur préférés ?
J’en ai plusieurs. Coldplay, Kings of Leon, Rihanna
Ton livre préféré ?
La fille au tatouage de dragon

Quelles sont tes forces et tes faiblesses ?
Je pense être très déterminée avec beaucoup de volonté. D’un autre côté, ça peut aussi être un défaut parfois, car je peux être très têtue ! Je suis très fidèle. Je suis une personne avenante mais aussi assez timide.

Si tu pouvais vendre ton âme au diable, que lui demanderais-tu en retour?
Santé et bonheur dans ma famille. Et quelques titres du Grand Chelem en plus (sourire) !