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Wilander, l’éternel stratège

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Triple vainqueur de Roland-Garros, le Suédois, qui n’avait pas son pareil pour faire déjouer ses adversaires, est logiquement devenu un consultant réputé. Pour TennisAddict, Mats Wilander revient sur les moments forts vécus Porte d’Auteuil.

Pour les moins de 20 ans, Mats Wilander est avant tout un fin connaisseur du tennis moderne, dont les points de vue solidement argumentés font le bonheur de l’émission “Jeu, set et Mats” sur Eurosport ou de ses chroniques dans l’Equipe. Mais durant ses 14 saisons sur le circuit (1981-1997, avec un break entre 1991 et 93), le Suédois a marqué son époque : il totalise 7 victoires en Grand Chelem (Roland-Garros 1982, 85 et 88 ; Open d’Australie 1983, 84 et 88 ; US Open 1988), 33 titres au total, 3 Coupes Davis (1984, 85, 87) et enfin 142 jours en tête du classement ATP (du 12 septembre au 30 janvier 1989). 

Forcément ses 5 finales Porte d’Auteuil lui permettent d’occuper une place particulière dans le cœur des Français. Quand on lui demande quel est son meilleur souvenir à Roland-Garros, Mats Wilander hésite un instant. Difficile de faire le tri ? Sans doute. Mais avec sa franchise habituelle, le Suédois se lance : “Il y en a deux qui me viennent à l’esprit. Le premier, c’est ma victoire en finale contre Lendl en 1985, j’avais perdu le premier set 6/3 et ensuite j’ai gagné assez facilement les 3 suivants (ndlr : 6/4, 6/4, 6/2), ce qui était étonnant puisque j’avais perdu en 1984 contre lui, et que ce fut  encore le cas lors de la finale 1987. Une grande performance !”

Plus surprenant, l’autre moment fort vécu par Mats à Roland-Garros concerne… une défaite, celle de 1983 contre Noah, restée dans les mémoires. “Avec le recul, cette finale contre Yannick reste un match différent, estime l’ancien n°ー1 mondial. Il y avait 30 personnes sur le court central à la fin du match. Je n’avais jamais vu une telle ambiance avant et je n’en ai jamais connu après. En tout cas jamais sur un Grand Chelem. Peut-être certaines fois en Coupe Davis. Et encore. On sentait ” un feeling ” très particulier entre Yannick et le public français”.

Précoce et fair-play

Près de 30 ans plus tard, Mats et Yannick sont d’ailleurs restés amis. Et le Suédois ne cesse de chambrer le Français, en lui rappelant que s’il avait gagné en 1983 et perdu en 1988 contre Henri Leconte, la vie des deux tricolores aurait été totalement différente. Modeste, le natif de Vaxjo n’évoque pas l’édition 1982. 

À seulement 17 ans, pour sa première participation, Wilander remporte pourtant le tournoi en dominant Guillermo Vilas. Un exploit que seul un certain Rafael Nadal a depuis réussi. «Ce titre en 1982 était spécial mais trop irréel, raconte Wilander. Je réalise maintenant combien c’était important, d’autant que je ne m’y attendais pas du tout. Ça remonte à trop loin et je n’étais encore qu’un junior». Véritable chat sur le court, fin stratège, contreur et passeur hors-pair, Mats se montre alors capable de courir pendant des heures. Mais il lui faudra se montrer plus offensif en améliorant son service ou sa volée pour devenir le patron du circuit et réaliser le Petit Chelem en 1988. Qu’importe, la légende est en marche. Car Wilander étonne aussi par son fair-play. «A la demande de Mats Wilander, on rejoue le point !». Cette phrase, prononcée par la voix si particulière de Jacques Dorfmann, arbitre de la demi-finale de 1982 entre le Suédois et José Luis Clerc, est rentrée dans l’histoire. Car, dans un tournoi professionnel, un tennisman n’avait encore jamais n’avait obligé un arbitre à remonter sur sa chaise après avoir prononcé le rituel : «Jeu, set et match»

 

“À la demande de Mats Wilander, on rejoue le point”

 

Mais Wilander estimait qu’on avait lésé son adversaire. Aujourd’hui âgé de 49 ans, toujours svelte et plein d’humour, Wilander a trouvé sa voie après des expériences de coach pas très convaincantes auprès de Safin ou Paul-Henri Mathieu. Toujours actif sur le circuit senior, ses rôles de consultant ou d’ambassadeur de la marque Lacoste lui laissent néanmoins le temps de s’occuper de ses 4 enfants, dont l’un, Erik, est atteint d’une maladie génétique appelée EB (Epidermolysis Bullosa), une infection très rare de la peau. Un combat qu’il mène dans son style habituel : en toute discrétion mais avec une volonté farouche.