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Portrait Guy Forget

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A 51 ans, Guy Forget est un personnage incontournable du tennis français : ancien N°ー4 mondial, vainqueur à Bercy et en Coupe Davis, avant de devenir capitaine de l’équipe de France durant 14 ans. Désormais directeur du tournoi de Roland-Garros, en plus du BNP Paribas Masters, le Marseillais relève les défis avec succès.

NE DANS UNE FAMILLE DE TENNISMEN

S’il a vu le jour au Maroc, à Casablanca, Guy Forget a passé son enfance à Marseille. Avec un père professeur de tennis et une mère enseignant les mathématiques, il est quasiment né une raquette à la main. Dès 13 ans, il suit la filière tennis-études de Nice. Le jeune Guy ne voit plus ses parents que pendant les vacances. “Affectivement parlant, ce fut un peu difficile. J’ai des souvenirs un peu tristes quand je quittais, le dimanche soir, la gare de Marseille”, se souvient le gaucher. Marié à Isabelle, Forget a deux garçons, Mathieu (26 ans) et Thibault (20 ans). Forcément, les deux fistons jouent au tennis. Le petit dernier dispute même quelques Futures, il a été classé 1684e mondial en 2014.

28 TITRES EN DOUBLE

Avec ses qualités naturelles de serveur-volleyeur, Forget se distingue d’abord en double. Dès 1985, il remporte le titre à Stockholm associé à Andres Gomez. Vingt-sept autres suivront, souvent avec Yannick Noah ou avec le Suisse Jacob Hlasek, ses partenaires récurrents. En 1990, il s’adjuge les Masters avec Hlasek et la paire se rase la tête, suite à un pari. En revanche, Forget n’a jamais gagné un Grand Chelem dans la discipline malgré deux finales à Roland-Garros (associé à Noah en 1987, puis à Hlasek en 1996).

L’ASCENSION TARDIVE

Champion de France cadets puis champion du monde juniors en 1982, Forget s’offre la même année à 17 ans, un premier coup d’éclat à Roland-Garros où il sort Ilie Nastase au 2e tour avant de bien résister à Jimmy Connors au 3e. Membre du Top 100 dès le début 1984, il s’installe durablement dans le Top 50 à partir du second semestre, avant de connaître une progression lente mais régulière. Longtemps, il garde l’étiquette d’un joueur doué et élégant mais trop friable physiquement comme mentalement pour gagner des matchs à l’arrachée. Le Marseillais monte vraiment en puissance à partir de 1990 pour se hisser dans le Top 20 grâce à une victoire à Bordeaux en battant Ivanisevic, une finale à Nice, des demies à Hambourg et Long Island, un quart à Rome, ou encore un 8e de finale à Wimbledon. 

1991, LA CONSECRATION

C’est en 1991, donc à 26 ans, que le Français atteint son apogée, avec une 4e place mondiale et surtout 6 titres sur les 11 remportés au cours de sa carrière (Sydney, Bruxelles, Cincinnati, Bordeaux, Toulouse et Paris-Bercy). Mais également des quarts de finale à l’Open d’Australie et Wimbledon. Il s’offre même le scalp de ténors comme Stich, Edberg, Becker et Sampras. “Dans ma nature profonde, lorsque j’étais jeune, j’étais effectivement quelqu’un de timide et de plutôt réservé, explique-t-il. À la base, je n’étais pas très, très sûr de moi et je pense que c’est la raison pour laquelle je n’ai pas percé plus tôt au haut niveau en tant que joueur. Il se trouve que je suis arrivé à maturité très tardivement et c’est cette espèce “d’évolution” qui m’a permis, sur le tard, de gagner la Coupe Davis. Je me suis rendu compte que ce n’est pas parce qu’on est discret et réservé que l’on doit se laisser marcher sur les pieds. À partir du moment où j’en étais convaincu, je me suis mis à jouer au tennis de manière bien plus convaincante et performante. Ensuite, c’est évident qu’aujourd’hui je suis plus sûr de moi que quand j’avais 25 ans et que j’apprends aussi à gérer cette timidité”. Par la suite, Forget reste compétitif (autour du Top 10 en 1992), avant de prendre sa retraite en 97.

BERCY S’OFFRE À LUI

Cette fameuse année 1991, Forget remporte le tournoi de Paris-Bercy. Il sort Patrick McEnroe, Derrick Rostagno, Omar Camporese, Jonas Svensson puis Pete Sampras en finale, à seulement quelques semaines de la fameuse finale de Coupe Davis contre les Etats-Unis. Mené 2 sets à 1 avec un break contre lui dans la 4e manche, il parvient tout de même à retourner la situation (victoire 7/6, 4/6, 5/7, 6/4, 6/4). “Il s’agit de mon meilleur souvenir sur le plan individuel parce que gagner devant son public, devant sa famille, c’est toujours quelque chose de particulier. J’ai également en tête d’autres matches gagnés avec, à chaque fois aussi, une relation avec le public de Bercy très particulière. Dans les premières années, en 1986, j’ai perdu un match contre Jonas Svensson où j’avais été mauvais. Le public m’avait sifflé. C’était un public qui était beaucoup plus exigeant à cette époque-là, beaucoup plus dur, pas très sage. J’avais hâte de quitter le court”. 

MOINS BRILLANT DANS LES GRANDS CHELEMS

A l’aise sur herbe, Forget totalise 3 quarts de finale à Wimbledon (1991, 1992, 1994) dans lesquels il s’inc”ine à chaque fois contre un spécialiste : Becker, Mc Enroe puis Ivanisevic. À l’Open d’Australie, sur dur, il atteint également deux fois les quarts de finale (1991, 1993). En revanche, il n’a jamais dépassé les 8e de finale à Roland-Garros (en 1986, battu par Vilas et en 1991 battu par Chang), ni à l’US Open (1992 et 1996).

LA COUPE DAVIS DANS LA POCHE

Forget est l’un des piliers de l’épopée lyonnaise de 1991, contre les Etats-Unis (3/1). Il perd son premier match contre un Agassi exceptionnel (6/7, 6/2, 6/1, 6/2) puis remporte le double associé à Henri Leconte contre la paire Seguso-Flach, l’une des meilleures de l’époque (6/1, 6/4, 4/6, 6/2) avant d’apporter le 3e point décisif en dominant à nouveau Pete Sampras (7/6, 3/6, 6/3, 6/4). Sur la balle de match, il se laisse tomber au sol. Avant une célébration de folie en chantant “Saga Africa” avec son capitaine Yannick Noah. “Sur cette finale de 1991, ce qui était formidable, c’est que c’était un moment où on a réussi, entre nous, à nous retrouver. Je ne sais pas si le grand public le sait, mais il y a eu des moments de forte tension entre Yannick et Henri dans les années précédentes. Moi, j’ai toujours été très, très proche de Yannick, bien que beaucoup de gens n’aient pas connaissance de cette relation que l’on avait. C’était le parrain de mon fils, et il a toujours été un grand frère pour moi. Et tout d’un coup on s’est retrouvé, alors que Yannick était notre adversaire et notre concurrent lorsqu’il était joueur. Il est devenu notre capitaine et, très vite, un ciment très fort s’est créé avec Henri, qui ne le voyait plus comme rival mais lui aussi comme un grand frère. Ensuite, les autres membres de l’équipe se sont greffés sur cette amitié forte entre Yannick, Henri et moi”. En 1996, Forget s’adjuge une 2e Coupe Davis lors de la victoire en Suède (3-2). Il gagne le double associé à Guillaume Raoux face au duo Kulti-Bjorkman.

UN JEU D’ATTAQUE AUSSI CLASSIQUE QU’EFFICACE

Grand (1,90m), élancé, Forget possède une technique très pure, avec un excellent service de gaucher, qu’il varie à merveille. Sa volée et son retour fonctionnent également très bien. En fond de court, il n’a aucune faiblesse car son coup droit légèrement bombé lui permet de venir au filet. Sans être exceptionnel, son revers à une main lui offre pas mal d’options, pour des approches slicées, ou des frappes avec un léger lift notamment sur les coups de défense.

LA COUPE DAVIS SUR LE SIÇGE DE CAPITAINE

Dès 1999, il prend la succession de Yannick Noah sur la chaise tricolore. Pour un mandat extrêmement long puisqu’il durera 14 ans. Son bilan reste tout à fait correct avec une victoire en 2001 sur le gazon de Melbourne (3/2 contre l’Australie), trois finales (1999, 2002, 2010) et un ratio de 25 succès pour 13 défaites. Même s’il a eu du mal à tirer le meilleur des jeunes Mousquetaires français. L’aventure s’achève en avril 2012 à Monte Carlo, par une défaite face aux Etats-Unis de John Isner en quarts de finale (3/2). Au bord des larmes, Forget tient un discours poignant : “Grâce aux joueurs, au staff, et à vous, les supporters, j’ai vécu avec cette Coupe Davis les plus belles années de ma vie. Merci à vous tous. Cela a été long, mais ça a été formidable. Ce n’est pas la fin d’une aventure, c’est le début d’une autre. Vous, joueurs, avez la chance d’avoir le soutien d’un public extraordinaire. Je souhaite que vous gardiez les valeurs que l’on a inculquées, avec le staff, la DTN, la Fédération. En Coupe Davis, on donne au lieu de prendre. C’est une épreuve magique”. Forget a également dirigé l’équipe de France de Fed Cup, remportant l’épreuve avec Amélie Mauresmo et Mary Pierce en 2003 à Moscou contre les Etats-Unis.

UNE RECONVERSION RICHE

Nommé en 2012, Guy Forget a bouclé l’an passé sa 4e édition en tant que directeur du BNP Paribas Masters, qui se dispute désormais à l’Accor Hôtels Arena, le nouveau nom de l’enceinte rénovée et modernisée du POPB. Son rôle est notamment de s’assurer que les meilleurs viennent à Paris à l’issue d’une saison éprouvante et peu avant les Masters de Londres. “Ce qui a fait le succès de ce tournoi depuis 1986, c’est d’abord un plateau extrêmement relevé avec les meilleurs joueurs mondiaux qui, déjà à l’époque, évoluaient dans une des plus belles salles d’Europe. C’est magnifique de voir que des années plus tard, alors qu’il existe une vraie compétition entre les tournois, on a ces mêmes qualités : on appartient toujours aux neuf tournois principaux après les Grand Chelem, avec une enceinte toujours au top… On est fiers aujourd’hui encore d’être le seul Masters 1000 en salle du monde ! jubile Forget. C’est la preuve que la Fédération a su garder ce bijou non seulement intact, mais l’a embelli. Pour le public, c’est l’assurance de voir parfois en une seule journée Federer, Nadal, Djokovic, mais aussi les meilleurs Français, comme Tsonga ou Monfils”. Parallèlement, il officie comme consultant à la télévision (France Télévisions, Eurosport, Canal Plus) ou à la radio (Europe 1). Forget continue à disputer des matchs sur le circuit seniors dont le Trophée des Légendes à Roland-Garros.

PATRON DE ROLAND-GARROS

Depuis février 2016, il est aussi directeur du Grand Chelem sur terre battue, suite au licenciement de Gilbert Ysern qui cumulait les fonctions de directeur général de la FFT et de directeur de Roland-Garros. «C’est un honneur que l’on me confie la direction du tournoi. Quand le président de la Fédération (Jean Gachassin) m’en a parlé, je n’ai pas réfléchi très longtemps. Je me réjouis de pouvoir continuer à le faire briller. C’est le plus grand tournoi sur terre battue du monde. L’ambition est qu’il le reste. C’est un très beau challenge. Je n’arrive pas dans l’inconnu. Cela se fait dans la continuité puisque je faisais déjà partie du comité de pilotage de Roland-Garros (depuis 2011). Les équipes sont les mêmes que celle que je côtoie pour Paris-Bercy. On m’a demandé de continuer de piloter aussi ce tournoi. C’est ce que je ferai. Mais maintenant, je vais être beaucoup plus exposé», explique Guy Forget. Le nouveau directeur a annoncé l’augmentation de 14% de la dotation globale de Roland-Garros (20% de plus pour les joueurs et joueuses sortis aux deuxième et troisième tours), qui s’élève désormais à 32 millions d’euros. Un montant inférieur à celui de l’US Open (37,3 millions d’euros) et Wimbledon (33 millions d’euros) mais qui reste supérieur à celui de l’Open d’Australie (28,4 millions d’euros). «Au total, les prix du tournoi auront connu une augmentation historique de 70% sur une période de quatre années (2013-2016) ciblant tout particulièrement les joueurs et joueuses éliminés en première semaine, qui ont bénéficié d’un doublement de leur gain», précise Forget.

SA VISION DE L’ÉDITION 2016

«Je ne suis pas inquiet. Il faut rester serein et objectif. La force de notre sport réside dans les quatre tournois du Grand Chelem. Quel que soit l’argent que vous mettez sur la table, vous ne pouvez pas acheter l’histoire. Cependant, il est important de nous moderniser, de nous agrandir pour accueillir les joueurs, le public et les médias. Mais, je le répète, le plus important reste l’histoire. Et je peux vous assurer que Novak Djokovic viendrait gratuitement, il veut tellement remporter le tournoi ! Je ne survends pas mon tournoi en disant que ça va être exceptionnel ! L’année dernière, il s’est fait surprendre par un époustouflant Wawrinka. Il va revenir hyper motivé. Mais sur sa route, il y aura un Nadal qui revient très en forme et a gagné en confiance, un Federer plus frais que jamais et pourquoi pas Gaël Monfils qui peut nourrir de nouvelles ambitions. Et chez les femmes, Serena Williams peut égaler le record de Steffi Graf. Sans compter les surprises… Cela va être passionnant !»

SES PASSIONS

Le surf et le golf. «Ce sont deux sports que vous pratiquez dans des cadres merveilleux et en individuel. Leurs pratiquants peuvent, sur un coup, sur une vague, égaler ce que peut accomplir un champion et ensuite remettre leur niveau en question. Ils demandent aussi une grande maîtrise. Sur une vague, le temps s’arrête, j’emmagasine plein d’énergie, c’est moi avec l’élément, il n’y pas de bruit, ça glisse: je ne suis jamais aussi tranquille, aussi détaché de toute contrainte matérielle, professionnelle, familiale», raconte Forget.

JAMAIS SANS LACOSTE

Lié depuis très longtemps à la marque française, Forget a notamment utilisé l’Équijet, une raquette inventée en 1988 par René Lacoste alliant les avantages des petits et des grands tamis. Avec cet outil en forme de violon, Guy Forget – qui fut l’un des premiers à le tester – remporte la Coupe Davis en 1991 et se hisse à la 4e place mondiale.

 

Photo : Lacoste, Jean-Loup Gautreau, Reuters/Marko Djurica

 

One thought on “Portrait Guy Forget”

  • Carrière…. Il se permet de critiquer Monsieur Roger Federer qui a 38 ans gagné encore des tournois… Et à une bien meilleure carrière que monsieur Forget qui dévalorise les autres pour mieux se faire valoir……. Je suis triste car je croyais forget au dessus de commentaires de valorisants sur un joueur qui restera exceptionnel alors que forget hormis les organisations de Rolland Garros…. Douteuse en 2019 et le Rolex Paris Master ne restera pas dans les mémoires…

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