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” Il n’y a pas de lutte antidopage “

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Interview du Dr Jean-Pierre de Mondenard, ancien médecin du Tour de France et spécialiste du dopage. Il est l’auteur du livre La grande imposture (éditions Hugo et Cie, 2009), consacré aux dessous du come-back de Lance Armstrong. Selon lui, la lutte antidopage est inexistante et le tennis n’y fait pas exception.

Seuls quatre joueurs professionnels ont été condamnés pour dopage en 2009 par la fédération internationale. Y a-t-il des taux aussi faibles dans les autres sports ?

” Oui, cela ne concerne pas seulement le tennis. Le football, le cyclisme et d’autres sports sont dans le même cas. Il faut rappeler que personne n’a été pris sur le dernier Tour, ni lors des Coupes du monde de football et de rugby en 2006 et 2007. “

Est-il possible d’atteindre ce chiffre avec des contrôles sérieux ?

” Un taux voisin de 1 ou 2 % montre l’inefficacité des tests. Personnellement, je considère qu’il n’y a pas de lutte antidopage, ça n’existe pas. Il n’y a aucune volonté de traquer les tricheurs qui mettent aussi leur santé en danger.
Quand Johnny dit qu’il va se faire transfuser dans une clinique italienne (Merano) sur les conseils de Zidane qui, d’après le chanteur, y va deux fois par an…et qu’aucune enquête n’est lancée suite à cette déclaration, ça vous fait réfléchir.
Idem pour la vidéo de Cannavaro. Il se filme en train de se faire injecter du Néotonî, la veille de la finale de la Coupe de l’UEFA Parme-Marseille en 99. Un produit ” borderline “, pas interdit à l’époque mais normalement réservé aux malades et utilisé pour la réanimation cardiovasculaire ! Ni la FIFA, la fédération italienne ou le CONI (Comité olympique italien) ni personne d’autre n’a bougé ! “

Pourquoi la lutte antidopage serait-elle inefficace dans le tennis ?

” Tout d’abord parce qu’il y a des substances indécelables. Par exemple, les transfusions sanguines autologues ou autotransfusions – à ne pas confondre avec les transfusions dites homologues (ndlr : d’une personne à une autre), détectées depuis 2004 – permettent d’améliorer l’endurance notamment pour les matchs en cinq sets. Des substances comme les EPO biosimilaires ne le sont pas non plus. Sans parler des produits ” limites “, de véritables substances dopantes que l’on trouve dans toutes les pharmacies hautes performances et qui ne sont pas prohibées. Il y a enfin les autorisations à usage thérapeutique (AUT), qui permettent le plus souvent de consommer des dopants avec une ordonnance médicale de complaisance.

L’autre problème est que la fédération gère les contrôles. Toute fédération a pour objectif la santé de son sport et pas celle des sportifs. Elle ne va pas ruiner l’image de sa discipline, ce qui aurait pour conséquence de se mettre ses propres champions à dos, de perdre son public et donc de l’argent. Ce qui importe ce n’est pas qu’elle attrape les tricheurs mais qu’elle montre qu’elle fait quelque chose. Au pire, on sort quelques cas qu’on médiatise et c’est tout. “

Le dopage est-il moins déterminant dans le tennis que dans d’autres sports ? Certains professionnels minimisent par exemple l’impact physique de substances comme la cocaïne…

” Une chose commune à toute les fédérations c’est de dire : ” le dopage est inefficace dans mon sport “. Dans le cas du tennis on dit souvent qu’on ne peut pas bien se doper car on ne connaît pas la durée du match à l’avance, que les dopants perturbent la précision du geste, qu’avec tous les contrôles on ne peut pas tricher etc., etc. Ce sont, bien sûr, de faux arguments. La compétition étant la cause n° 1 de la triche chimique, on trouve du dopage dans tous les sports. En définitive, il n’y a que les produits et les doses qui changent.

En ce qui concerne la cocaïne, c’est vrai que la durée d’action est courte, de 20 à 30 minutes si on la sniffe et d’un quart d’heure par injection. Mais si vous l’ingérez par voie orale, ses effets se prolongent quatre à cinq heures.
La cocaïne est un dopant efficace qui a les mêmes effets que les amphétamines sur le système nerveux central. C’est un stimulant qui donne une sensation d’euphorie et l’impression d’être imbattable.
Il faut connaître l’histoire du dopage pour avoir une analyse cohéren