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P2H : Mon corps est mon outil de travail !

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Pierre-Hugues Herbert (alias P2H) est un jeune joueur de tennis professionnel et sérieux espoir du tennis français. Dans chaque numéro, il nous fait vivre le haut niveau de l’intérieur et nous parle de son quotidien.

MON CORPS EST MON OUTIL DE TRAVAIL

Il est irremplaçable. Si je le casse, ce n’est pas le genre de chose que je pourrais aller changer chez Leroy Merlin…

Depuis mon plus jeune âge, mon entourage a toujours mis l’accent sur mon hygiène de vie et m’a fait comprendre qu’il fallait que je prenne soin de mon corps. Mon père notamment, qui est, comme vous le savez, aussi mon coach depuis 10 ans, m’a toujours plus que sensibilisé sur le sujet et a toujours veillé au grain de ce côté-là, en joignant le geste à la parole, en me faisant lui-même la cuisine, en me fournissant quotidiennement en eau, ou en s’assurant que mon sommeil était suffisant, et surtout en m’aidant à me construire un jeu le plus naturel et économique possible. Je ne vous cacherai pas que son discours là-dessus a toujours été très radical : ” À quoi ça sert de faire du sport, si c’est pour finir en moins bonne santé que si on n’en faisait pas ? À quoi ça sert de jouer au tennis, si c’est pour se bousiller les articulations et tout le reste, et terminer derrière sa vie à moitié impotent ? “

Ça l’inquiétait dès le départ quand je jouais chez les tout jeunes que je fasse du tennis à outrance et je comprends aujourd’hui pourquoi. Car, pour réussir au plus haut niveau, il faut tabler sur une durée de carrière de 15 ans après presque autant de formation chez les jeunes. 30 ans à taper dans une balle, ça ressemble plus à un marathon qu’à un sprint, et il faut que le corps tienne le choc sinon ça peut rapidement mettre fin à tous nos rêves.

Un de mes objectifs les plus importants a donc toujours été d’éviter toute forme de blessure. Et de privilégier le rendement en frappant la balle avec le moins d’effort de mon côté du filet pour le plus de résultat en face dans la raquette de l’adversaire. Et je peux vous annoncer avec fierté que pour l’instant j’ai plutôt atteint cet objectif. Sans avoir jamais eu affaire à des pépins physiques graves, je suis quand même un brin efficace sur le circuit professionnel.

Bien sûr, le tennis étant un sport traumatisant où l’on enchaine les tournois sur des surfaces, dans des pays et même sur des continents différents chaque semaine, je ne vous dirai pas que je ne souffre pas de petits bobos de-ci de-là. Personne ne peut passer à coté. La fatigue des voyages, les décalages horaires, le stress et les matchs de plus en plus rudes ne rendent pas la chose facile. Pour moi, ” rester fit ” représente donc un combat quotidien. Je suis sans cesse à l’écoute de mon corps et je soigne chaque petite blessure pour qu’elle ne dégénère pas au point de provoquer un arrêt complet de la compétition.

Pour gérer son corps au mieux, il faut évidemment avoir hors du court une hygiène de vie irréprochable. Les meilleurs joueurs du monde voyagent quasiment tous avec des personnes chargées exclusivement de prendre soin d’eux (masseur, ostéopathe, préparateur physique, diététicien). Novak Djokovic avec son régime sans gluten, ses séances de yoga et ses 2 kinés en est un très bon exemple. Tout comme Serena Williams qui voyage, elle, avec son cuisinier sur les tournois.

Préserver son équilibre, sa santé fait partie intégrante du métier de joueur de tennis. De mon côté, pour cela, je fais avec les moyens que j’ai. Et je fais simple aussi. J’essaye d’abord de me nourrir sainement ; je mange par exemple beaucoup de fruits et légumes, et je bois plus de 3 litres d’eau par jour. Je me ménage de bonnes nuits de sommeil aussi et m’accorde une bonne sieste de temps en temps. Je suis également un assidu de la salle de gym pour consolider ma carcasse. Pour ce qui est des soins, outre certains exercices type étirement que je pratique journellement, je profite bien sûr des facilités offertes aux joueurs côté physiothérapeutes dans les gros tournois, et je vais voir quand je rentre à la maison mon kiné ou mon ostéo dès que possible pour prévenir les blessures. Je veille enfin à prendre des jours de repos ou des vacances quand je sens que mon organisme en a besoin. Etc., etc. Toutes ces choses que je fais au quotidien, je les fais pour mon bien-être, pour mon bonheur personnel. Car pour être bien sur le court, il faut que je sois bien dans ma peau en dehors. 

Pas de blessures graves pour l’instant, un corps fidèle au poste et qui répond présent sur toute la ligne, une vigilance de tous les instants qui semble s’avérer une stratégie payante sur le long terme, je reste fier de cette performance. Mais je mesure aussi ma chance et ne crois pas pour autant être à l’abri. Il est vrai que je n’ai que 23 ans et que les gros problèmes sont peut-être devant moi vu les charges de travail qui vont s’imposer. Mais restons positif ! Roger Federer par exemple nous prouve aujourd’hui à 33 ans qu’il est possible de faire une longue carrière sans quasiment être jamais blessé. A moi de jouer maintenant !