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Carlos Moya : le grand frère

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Aujourd’hui âgé de 40 ans, l’ancien n°1 mondial fait désormais partie du staff de Rafael Nadal, pour lequel il fut un sparring-partner, un modèle et un accélérateur de carrière.

Carlos Moya, c’est d’abord un palmarès forgé grâce à son coup droit, aussi ravageur que son sourire ultra-bright : victoire à Roland-Garros en 1998, face à son ami Alex Correjta (6/3, 7/5, 6/3), avec remise de la Coupe des Mousquetaires par le roi Pelé en personne. Vingt titres au total dont l’équivalent de 3 Masters 1000 (Monte-Carlo 1998, Cincinnati 2002, Rome 2004) mais également une Coupe Davis avec l’Espagne en 2004. Le natif de Palma de Majorque compte enfin une finale à l’Open d’Australie (1997) plus une demie à l’US Open (1998). Seul le gazon de Wimbledon lui convenait moins bien avec un “petit” 8e de finale en 2004. La fin des années 90 constitue la meilleure période de Moya, ponctuée par une 1ere place mondiale durant 2 semaines en mars 1999. Plus efficace sur terre battue où ses enchaînements service – coup droit ont fait merveille, l’Espagnol n’a jamais été un volleyeur né tandis que son revers était correct mais rarement décisif. Freiné par des blessures, notamment au pied, l’Espagnol a pris sa retraite en novembre 2010 : “Il était difficile de continuer. Maintenant je vais me reposer, passer du temps à la maison”. “C’est un jour triste pour moi car je dis au revoir à un ami et le tennis dit au revoir à un grand ambassadeur. Il a été le premier espagnol à devenir numéro 1 mondial et m’a beaucoup aidé lorsque j’étais un jeune joueur”, soulignait à l’époque Rafael Nadal, tant la carrière des deux Majorquins est étroitement liée. Après avoir rangé ses raquettes, Carlos Moya Llompart devient père de famille puisque sa compagne, l’actrice Carolina Cerezuela, lui donne deux filles (Carla et Daniela) et un garçon (Carlos). Mais très vite, le virus du tennis le reprend puisqu’il est nommé capitaine de l’équipe d’Espagne de Coupe Davis en octobre 2013, avant d’intégrer le staff de Milos Raonic (janvier-novembre 2016), puis celui de Rafael Nadal, auprès de Francisco Roig et Toni Nadal, sachant que ce dernier a annoncé que 2017 serait son ultime saison sur le circuit. “Avoir Carlos avec moi qui n’est pas seulement mon ami mais aussi une personne très importante dans ma carrière, est spécial”, a alors réagi Nadal. “L’appel de Toni m’a fait plaisir. J’ai confiance en Rafa dans sa capacité à continuer de gagner des titres importants”, a répondu Moya. 

PARTENAIRES D’ENTRAINEMENTS

Grand-frère, mentor, modèle ? La relation entre Carlos Moya et Rafael Nadal est sans doute un peu tout cela. “A Majorque, tout le monde savait qu’il y avait un jeune à surveiller & et pas seulement parce qu’il était le neveu de Miguel Angel Nadal, le joueur du Barça, se souvient Carlos Moya. Il a gagné le championnat de l’île des moins de 12 ans à 8 ! Mon formateur, Jofre Porta, a fait un peu de coaching avec lui à cette époque et m’avait dit “Ce petit-là peut devenir bon”. Moya prend alors Nadal comme sparring-partner chaque fois qu’il revient s’ent”ョner sur son île. “On me dit parfois que j’ai aidé “Rafa”, mais ce fut en réalité réciproque, estime Moya. Il était déjà assez bon pour me pousser à donner le meilleur à l’entraînement. Quand nous faisions des sets, je n’avais pas intérêt à les prendre à la légère si je ne voulais pas être battu par un gamin de 14 ans !”. La preuve en 2003 au Masters 1000 de Hambourg, Rafa, 16 ans, s’offre son premier Top 5. Il s’agit de…Carlos Moya. “Il a fait un match remarquable de concentration du premier au dernier point, et j’ai perdu en deux sets (7/5, 6/4). Ce jour-là, j’ai entrevu quel joueur Rafael pouvait devenir : quelqu’un qui était encore un cran au-dessus de ce que je pouvais produire de mieux. Au moment de l’accolade, “Rafa” m’a dit : “Je suis désolé”. Mais il n’avait pas à l’être. Moi, j’étais philosophe. L’avenir lui appartenait et moi, si j’étais encore loin d’être fini, j’avais amorcé la phase de déclin”, raconte Carlos Moya.

OPPOSÉS À ROLAND-GARROS

Nouvel épisode en 2004 lorsque Moya pèse de tout son poids auprès du capitaine Jordi Arrese afin qu’il titularise Nadal en finale de la Coupe Davis face aux Etats-Unis. Certes, Rafa a été impressionnant en demi-finale contre la France, mais pas évident d’écarter Juan Carlos Ferrero, encore n°1 mondial un an auparavant ou même Tommy Robredo, 17e ATP quand Nadal n’est que 50e. «Rafa est venu me dire qu’il ne pouvait pas passer comme ça devant Juan Carlos et Tommy, deux champions déjà installés, révèle Moya. Et Toni ressentait la même gêne. Il a fallu que je leur martèle que non, «Rafa» ne prenait la place de personne, qu’il était tout à fait légitime à jouer en simple et qu’il avait toute ma confiance. Il avait sa part dans notre qualification pour la finale et sa présence sur le terrain n’avait rien d’imméritée.» J’avais appris à connaître «Rafa». Je savais que ce garçon timide et bien élevé dans la vie courante était de ceux que la foule et l’enjeu sublimeraient». Dans les arènes de Séville devant 27 000 supporters survoltés, Nadal domine Andy Roddick pourtant n°2 mondial (6/7, 6/2, 7/6, 6/2) et 3-2 pour l’Espagne. La légende est en marche. Comme un symbole, le dernier acte de leur vie commune sur le circuit se déroule en quart de finale à Roland-Garros. En 2007, Moya, âgé de 31 ans, ne fait pas le poids face à son cadet sur la route d’un 3e sacre (6/4, 6/3, 6/0). Comme beaucoup avant et après lui, Carlos doit surjouer pour marquer un point. Aujourd’hui réunis pour aider Rafa à retrouver les sommets, les deux hommes continuent de s’entendre à merveille. «Carlos est de Majorque, comme la famille Nadal, tout est plus facile, estime Toni Nadal. Il apporte beaucoup de choses, l’expérience d’un ancien n°1 mondial, un savoir-faire, une implication qui m’a vraiment surprise. Il lui apporte un surplus de tranquillité, parce que quand il dit quelque chose à Rafael, c’est à la fois un grand ami qui lui parle, mais aussi un expert». Toujours aussi relax et abordable, celui qui avait été classé parmi les 50 plus beaux hommes du monde par People Magazine, aux Etats-Unis, continue donc d’écrire son histoire.