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Björn Borg & John Mc Enroe, l’interview

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“LE TENNIS DES ANNÉES 70 ÉTAIT PLUS COOL !”

Dans les années 70, björn borg et john mcenroe, les deux plus grands rivaux de l’histoire du tennis, étaient diamétralement opposés. Dans la presse, on les surnommait « le feu et la glace » – mcenroe le colérique était le feu, tandis que borg, toujours en contrôle de lui-même, représentait la froideur glaciale. Dans un registre plus philosophique, on les comparait même au yin et au yang – deux forces vitales qui contribuent à l’équilibre de l’univers. Cette rivalité allait se transformer en une profonde et longue amitié. 30 ans après, pour tennisaddict, les deux légendes ouvrent la boîte à souvenirs de leur époque. Véritable âge d’or du tennis où les stars, dans un monde plus détendu et moins marqué par l’argent, étaient aussi des icônes de la mode. Morceaux choisis.

 

LEUR PREMIÈRE RENCONTRE
John McEnroe : C’était lors de l’US Open. J’étais ramasseur de balles à l’époque. J’ai regardé Björn et j’ai réalisé que l’engouement pour le tennis était sur le point d’exploser grâce à lui. C’était comme la «beatlemania » et je voulais en faire partie.

BORG, LE GRAND FRÈRE
John McEnroe était l’un des grands virtuoses du tennis, mais il était aussi réputé pour être un fauteur de troubles. La plupart des arbitres en étaient terrifiés. Mais lors de ses matches contre Björn Borg, il arrivait à se contrôler.

McEnroe : Durant un match à La Nouvelle-Orléans, alors que je perdais contre Björn, j’ai eu l’une de mes célèbres montées de température. Jusqu’au moment où Björn me fait signe de venir au filet. J’ai alors eu la peur de ma vie. Le plus grand champion du tennis allait-il me passer un savon ? Mais Björn m’a seulement pris par les épaules et m’a dit : « Reste cool John, c’est juste un jeu. Apprends à te faire plaisir, et tout ira bien». J’étais abasourdi et fier. (Björn rit en se rappelant cet épisode)
Borg : John a réussi à reprendre l’ascendant et gagner le match. Avant cet incident, il était assez renfermé, comme s’il ne faisait confiance à personne. Mais, par la suite, c’est comme s’il avait eu un déclic, en se disant : « C’est un mec bien, il me respecte ». C’est ainsi qu’on est devenus potes.
McEnroe : Il m’a pris sous son aile. Et quand les autres joueurs ont vu que Björn m’acceptait, ils l’ont fait aussi

LE TRIO AVEC VITAS
Tous les deux avec Vitas Gerulaitis* formaient un sacré trio. Ils avaient l’habitude de s’entraîner et de voyager ensemble. Et sortaient aussi beaucoup en dehors des courts…
McEnroe : Quand on ne jouait pas de tournois majeurs, ou qu’on avait un peu de temps, on allait au restaurant et on prenait du bon temps.
Borg : Nous étions très souvent à New York, et nous avons passé quelques bonnes soirées au Studio 54.

LES SOIRÉES NEW-YORKAISES
Cette boîte de nuit excentrique détenue par Steve Rubell, qui avait l’habitude à l’époque de se percher sur une bouche d’incendie afin de scruter ses convives, a refusé l’entrée à des personnes aussi connues que Warren Beatty. Mais notre trio n’a jamais eu à endurer cet affront. Ils faisaient partis des habitués et se retrouvaient dans l’espace VIP avec des célébrités comme Andy Warhol, David Bowie, Cher, Rod Stewart, Diana Ross, Truman Capote, Liza Minelli et Mick Jagger. McEnroe, qui était un peu plus jeune que les autres, décrit dans son autobiographie ce qui est arrivé la première fois où il y est allé avec ses collègues plus âgés : « À la fin de la soirée, Björn et Vitas m’ont ramené à mon hôtel. Je n’étais pas très en forme, mais heureux – j’avais passé mon rite d’initiation ».
Borg : On a pris soin de John. On lui a fait faire pleins de choses funs. Vitas, un type fantastique, nous apportait son humour et nous faisait rire. J’étais plus réservé, comme un vrai suédois. John était assez calme aussi, au départ. Mais il est progressivement devenu lui-même avec les années. La vie du circuit pro était plus détendue qu’aujourd’hui.
McEnroe : C’était clairement plus cool en ces temps-là, déjà parce qu’il n’y avait pas autant d’argent en jeu. Vous imagineriez aujourd’hui Federer et Nadal sortir et faire la fête ensemble le soir ?

LE GRAND COEUR DE JOHN
Même s’ils habitaient chacun d’un côté de l’Atlantique, ils se voyaient au moins une fois par mois. Et même plus, lorsqu’ils le pouvaient.
McEnroe : Björn a un très bon sens de l’humour. Il ne se prend pas au sérieux. J’aime beaucoup sa vision du monde, on rigole bien ensemble.
Borg : La plus grande qualité de John est son grand coeur. Il veut toujours aider et tu peux toujours compter sur lui. J’ai appelé John à plusieurs reprises lorsque j’ai eu des dilemmes à gérer, et il me donnait toujours de bons conseils. De plus, c’est un père fantastique.

LA MYTHIQUE FINALE DE WIMBLEDON 80
De nombreux livres et documentaires ont été écrits à propos de la lutte de pouvoir entre Borg et McEnroe – en particulier sur la finale de Wimbledon du 5 juillet 1980, considérée par beaucoup comme le plus beau match de tennis jamais joué. Le monde s’est pratiquement arrêté durant les 3 heures et 53 minutes qu’a duré la rencontre. Presque 50 millions de personnes ont suivi le drame orchestré à la télévision (Nelson Mandela a même réussi, avec d’autres prisonniers de Robben Island, à écouter le match commenté à la radio). Au début de la partie, McEnroe se laisse distancer, mais se bat et empoche le quatrième set après un tiebreak palpitant de plus de vingt minutes. Malgré tout, Borg conclut la finale sur sa huitième balle de match grâce un passing shot de revers. Il remporte Wimbledon pour la cinquième fois. McEnroe a, lui, gagné les coeurs des spectateurs.
Borg : Cette finale avait tout ce qu’on peut trouver dans un match de tennis. Par la suite, beaucoup ont commencé à respecter John différemment – en tant que personne et en tant que joueur de tennis. (acquiescement de McEnroe)
McEnroe : Même si j’ai perdu, ce match est resté l’un des plus importants de ma carrière. Dans le dernier set, Björn m’a montré comment un vrai champion devait se comporter sur le court.

 

« VOUS IMAGINERIEZ AUJOURD’HUI FEDERER ET NADAL SORTIR ET FAIRE LA FÊTE ENSEMBLE LE SOIR ? »

 

McENROE SUR BJÖRN BORG

BORG, L’IDOLE DES JEUNES
Björn Borg était l’une des principales icônes de la mode des années 70. Récemment le magazine américain GQ l’a mis dans sa liste des sportifs les plus cools de tous les temps. John n’est pas surpris. 
McEnroe : En dehors des courts, il avait juste besoin de cligner des yeux, et c’était cool! Prenez par exemple son grip, ou le cordage très tendu de sa raquette, ou son absence d’émotion. C’était complètement nouveau. Il a également donné une dimension plus athlétique au tennis. Un peu comme Nadal aujourd’hui.

 

« JOHN A CAMPÉ 2 JOURS ENTIERS DANS MA CHAMBRE POUR ME CONVAINCRE DE NE PAS ARRÊTER »

 

LA RETRAITE DE BJORN À 25 ANS
Lorsque Björn Borg quitte le circuit à l’âge de 25 ans, le plus difficile fut pour John McEnroe.
Mais il n’a pas laissé Björn partir sans un dernier combat.
McEnroe : C’était un drame pour moi personnellement et pour le tennis en général.
J’étais blasé, j’en ai perdu mon jeu.
Borg : C’était au printemps 1982 et on disputait un tournoi d’exhibition à Tokyo. J’avais pris ma décision d’arrêter. John a campé dans ma chambre d’hôtel pendant deux jours – 24h/24 – afin de me convaincre du contraire ! Je pensais qu’il n’allait jamais abandonner (rires).

LEUR LIGNE DE LINGERIE
Presque 30 ans plus tard, les deux joueurs ont créé ensemble une ligne de sous-vêtements.
Les modèles sont inspirés des tenues qu’ils portaient lors de leurs matchs de légende des années 70. Le favori de Björn est le « Signature Stripe », qui a des rayures bleues, blanches et rouges, en référence à l’une de ses tenues Fila. John aime particulièrement le modèle «Attack» : rouge et noir, couleurs qui correspondent à son attitude sur le court. Borg : Je suis ravi que John ait accepté de se lancer dans l’aventure. Depuis des années, on parlait de faire quelque chose de sympa ensemble. Le résultat est vraiment génial, surtout depuis que les sous-vêtements font écho à notre carrière de tennis. 4% des ventes de cette collection, aujourd’hui épuisée, sont allés à la fondation « John et Patty McEnroe » qui les ont ensuite reversés à plusieurs associations caritatives pour la sortie du nucléaire, la promotion du sport comme outil de changement social, la préservation de l’écologie ou encore le soutien à Haïti via la Sean Penn Haiti Foundation’s..

Ces deux joueurs ont écrit la légende du tennis. Leur rivalité et leur amitié ont nourri la
passion de toute une génération de joueurs dont nous faisons partie.

Au nom de tous ceux-là, merci Björn & John !