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La terre battue n’est pas un luxe

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Seulement 14% des courts sont en terre battue en France. Pourtant, la FFT et les loobyistes affirment que, sur le long terme, la surface ocre n’est pas plus chère que les résines, bétons poreux et autre gazon synthétique. 

 

En France, la terre battue représente exactement 13,8% du nombre total des courts. Un chiffre largement en dessous de ceux de la plupart de nos voisins européens (Royaume-Uni excepté), si l’on en croit l’Association pour le développement de la terre battue (ADTB). “La part des terrains de tennis extérieurs en terre atteint 95% en Allemagne, 87% en Belgique et 50% en Suède “, explique Bruno Renoult, le président de cette association aux allures de lobby, qui se fixe pour objectif d’atteindre les 25% en 2015.

La terre battue française est donc rare. Mais, contrairement à ce que dit l’adage, ce qui est rare n’est pas forcément cher. C’est du moins qui ressort des chiffres du service Equipement de la Fédération française de tennis. D’après une étude publiée fin 2009,  la construction d’un court en terre battue n’est pas plus onéreuse que celle d’une résine, d’un béton poreux, d’un gazon synthétique ou d’une moquette. Elle est même plus économique ! Seuls les enrobés poreux sont moins chers, et le béton extérieur est à peu près au même prix (voir tableau). Reste l’entretien.

 

Ci-dessus, les estimations de la FFT, d’après des informations fournies par des sociétés spécialisées. Des chiffres qui, selon le service Equipement, ” ne correspondent pas nécessairement aux prix exacts du marché, dont les tarifs sont souvent tirés vers le bas au détriment de la qualité”.

                    Source : Tennis Info, n°ー415, Septembre 2009 : http://www.equipement.fft.fr/

 

Si les chiffres sont toujours des moyennes à prendre avec du recul, l’entretien d’un court à l’année se situe entre 2200 et 2700 euros, remise en état comprise. Un coût non négligeable, mais qui doit être relativisé.

Tout d’abord, parce que les bétons poreux et autres résines nécessitent eux aussi un entretien régulier, (quoique presque inexistant les cinq premières années). Comptez de 12 000 à 16000 euros environ sur 12 ans, d’après la FFT, qui indique que refaire une résine est également plus cher : 32 000 euros contre 27000 pour une terre battue. De leur côté, les gazons synthétiques ont une durée de vie très courte, une douzaine d’années seulement, ce qui les rend beaucoup moins abordables.

 

                    Source : Tennis Info, n°ー415, Septembre 2009 : http://www.equipement.fft.fr/

 

 

Un court à partir de 1000 euros par an

 

” Sur 18 ans, la terre battue coûte le même prix que les autres surfaces et, à long terme, elle se révèle nettement plus économique “, assure Bruno Renoult (voir tableau ci-dessous).

Les prix deviennent encore plus abordables si les adhérents ou les employés de mairie refont eux-mêmes les courts. La facture passe alors de 2700 à un peu plus de mille euros par an et par court. “ Juste ce qu’il faut pour payer de 1,5 à 2 tonnes de brique pilée et de la location d’un rouleau. Au total, un peu plus de 600 euros ”, calcule Jacques Siméon, constructeur de terrains de tennis depuis près de 38 ans. Et pour réaliser soi-même la remise en état des courts, la FFT organise chaque automne une formation pour apprendre à griffer, faire les lignes etc. etc. Un formation de 1100 euros, hors hébergement, amortie dès la première année.

 

Chaque année à l’automne, la FFT organise un stage de dix jours, près de Toulouse,  pour apprendre à entretenir et à mettre en état les courts de terre battue. Un travail qui doit être effectué tous les ans.

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Des collectivités frileuses

 

Permanent du club Les Quatre Saisons – Angers Sud (terre battue), depuis 17 ans, Stéphane Boucard nuance cependant les estimations avancées. Les coûts d’entretien du dur lui semblent surévalués, et la terre moins accessible malgré tout. 

” Si l’on ajoute la location d’un rotovateur, les produits utilisés et l’eau, un court revient quand même à près de 1300 euros par an, commente-t-il. Il faut aussi et surtout qu’un salarié du club s’en occupe. Cela peut-être fait par un ou plusieurs adhérents qui s’engagent à ne pas compter leurs heures, mais c’est quelque chose de très contraignant. Il faut remettre de la terre quand il y a du vent, arroser tous les soirs l’été, après 22 ou 23 heures, surveiller que les joueurs n’investissent pas le terrain quand il est trop humide, sinon ils le défoncent etc.,etc. “

Pour lui, la terre battue reste ” plus chère que les autres surfaces, même sur le long terme”.

 

Une attention et un financement constants qui explique la frilosité des collectivités généralement propriétaires des clubs. ” Les maires préfèrent installer un béton poreux en début de mandat, car après ils n’en entendent plus parler jusqu’à la prochaine élection, analyse Jacques Siméon. Les coûts d’entretien les plus importants se faisant sentir un peu plus tard. “
 


Pour l’association pour le développement de la terre battue (ADTB), la surface est rentabilisée au bout de 18 ans. Source : http://www.terrebattue.org/home/construction.php

 

La terre a ses valeurs

 

Mais les aficionados se retrouvent tous pour vanter les vertus de la surface ocre. Une surface qui préserve les articulations, permet d’apprendre tous les coups du tennis mais aussi certaines valeurs humaines. ” Cela peut paraître un peu désuet mais passer le filet et balayer le court pour le laisser en bon état pour les autres, discuter avec eux etc., sont des gestes simples qui ont une valeur éducative forte “, détaille Bruno Renoult.
L’ancien joueur professionnel évoque aussi l’environnement. ” Le béton ou la résine n’ont rien d’écologique dans leur conception et laissent derrière eux des déchets après leur destruction. Pendant ce temps, une terre battue abandonnée redevient rapidement un champ en friche. “

Beaucoup de chemin reste encore à parcourir pour augmenter la part que réprésente la surface dans le parc français. Mais avec le vieillissement de la population et l’engouement pour le développement durable, la terre battue à aujourd’hui de quoi éveiller l’intérêt. Même plus chère, ce n’est déjà plus un luxe.

 

 

Par Tennis Addict, Florent Godard