Internationaux de Strasbourg, premier tournoi féminin en France.
Le directeur des Internationaux de Strasbourg (IS – 15 au 23 mai 2015) livre les recettes qui lui ont permis de proposer le premier tournoi féminin français. Une épreuve éco-responsable qui offrira encore un plateau de choix avec Cornet, Mladenovic et la plupart des Françaises face à la jeune garde américaine.
Denis Naegelen avec Alizé Cornet, vainqueur de l’édition 2013 et qui sera présente en 2015 pour la 6e année consécutive.
Pour quelles raisons avez-vous racheté le tournoi en décembre 2009 ?
Il y avait d’abord l’envie de laisser cette épreuve en Alsace. Même si je n’y vis plus depuis 40 ans, et que je me sens citoyen du monde, je souhaitais probablement me rapprocher de mes racines. J’ai par ailleurs vu grandir ce tournoi, j’y faisais chaque année des visites de courtoisie. Le voir vendu aurait signifié qu’il parte ailleurs, j’ai donc présenté une candidature solide. A cette époque, je sortais aussi d’une période difficile au niveau de ma santé, avec l’envie de repartir vers une nouvelle aventure. Je n’ai jamais regretté cette décision.
Que souhaitez-vous encore améliorer aux IS ?
Je voudrais développer plus de confort pour le public, avec parallèlement des animations et un spectacle sportif de haut niveau. Car il ne faut pas l’oublier, l’ADN de base, c’est ce qui se passe sur le court. Il faut donc que les championnes soient là, car un organisateur est jugé sur l’attractivité du tableau. Or pour les faire venir, il faut des moyens de plus en plus importants. Alors, même si je ne rêve pas d’avoir Serena Williams, le fait d’avoir fait venir Maria Sharapova en 2010, a crédibilisé le tournoi. Mais aujourd’hui, ça ne serait pas raisonnable. Car les joueuses que l’on dit ” bankable ” sont très chères et n’apportent en retour sur la vente de billetterie que 10% seulement du prix de leur présence.
Comment s’annonce l’affiche de l’édition 2015 ?
Je crois qu’il s’agira d’une belle confrontation franco-américaine. Avec d’un côté Alizé Cornet, victorieuse en 2013, Kristina Mladenovic ou Caroline Garcia, que j’espère encore convaincre de venir. Sans oublier Pauline Parmentier et l’espoir Océane Dodin. De l’autre, les Américaines Madison Keys (20e mondiale), Sloane Stephens ou Coco Vandeweghe. Globalement, nous aurons un tableau très dense avec 14 membres du Top 50 dont la Portoricaine Monica Puig, tenante du titre, la Slovaque Daniela Hantuchova, ou l’Estonienne Kaia Kanepi.
Quels sont les partenaires du tournoi ?
GDF-Suez représente un partenaire important, à hauteur de 5% du budget. Notre développement passe par une augmentation du nombre de partenaires privés même si la conjoncture est difficile, mais également par un naming privé du tournoi, dont le bénéficiaire y gagnerait fortement en notoriété puisque nous sommes diffusés dans 26 pays. Quant aux collectivités locales (Eurométropole et région Alsace), elle ” pèsent ” un peu moins de 20% du budget.
Pourquoi les Internationaux de Strasbourg ont-ils choisi d’être un tournoi éco-responsable ?
Ce qui me touche, c’est la prise de conscience qu’un événement de sport est un média qui transmet des messages. Le tout étant de savoir quels messages porter. Or en tant qu’organisateur, nous avons une responsabilité sociale. Alors certes, le tournoi de Strasbourg ne sauvera pas la planète, mais si on peut donner l’exemple ce sera déjà pas mal. Nous avons été les premiers à nous engager dans cette démarche éco-responsable et à le faire à fond. Nous faisons d’ailleurs partie des référents de l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie. Nous avons réfléchi aux transports : les officiels sont transportés dans des véhicules électriques, nous déduisons le prix du billet de tram pour les spectateurs, nous avons également passé un accord avec la SNCF. Nous faisons aussi 4 bilans carbone alors que peu d’entreprises n’en effectuent ne serait-ce qu’un seul. Notre restauration est faite avec des produits locaux et de saison. Cela demande un travail énorme pour des retours pas gigantesques.
Le Rallye de France risque de s’arrêter, le Racing Club de Strasbourg évolue en National, ce vide profite-t-il aux IS ?
Vous savez, dans le sport les choses sont cycliques et peuvent vite changer. En basket, la SIG obtient d’excellents résultats et le ” Racing ” reviendra. Mais ce sont des clubs qui disputent chaque semaine un championnat, qui fonctionne comme un feuilleton. De notre côté, nous sommes un événement de sport féminin, sur une semaine. Et nous n’avons pas envie d’être seuls en Alsace.
Que peut-on vous souhaiter afin que le tournoi soit une réussite ?
Pour que ça marche, il faut du soleil, car ça rend les gens heureux, la fête est plus belle. C’est presque aussi important que d’avoir Sharapova ! (rires) Pour le reste, je n’ai pas d’inquiétude. Ça m’est égal que ce ne soit pas une star qui gagne, l’an dernier Puig s’était imposée au terme d’une superbe finale.
Propos recueillis par Baptiste Blanchet // Photo : Internationaux de Strasbourg