Le cahier du padel
C’EST LE SPORT À LA MODE, VENU DU MEXIQUE, QUI A CONTAMINà L’ESPAGNE (4 MILLIONS DE JOUEURS) DEPUIS DE NOMBREUSES ANNàES ET QUI SE VERRAIT BIEN FAIRE LA MàME CHOSE EN FRANCE. SOUS LE GIRON DE LA FFT, QUI PLACE BEAUCOUP D’ESPOIR DANS SON ESSOR, LE PADEL SE VEUT UN SPORT AVANT TOUT LUDIQUE, MAIS AVEC UN POTENTIEL COMPàTITION BIEN RàEL…LE MIX PARFAIT ENTRE LE TENNIS, LE SQUASH VOIRE LE TENNIS DE TABLE ?
Et pour se faire une meilleure idée Tennisaddict a décidé de vous faire partager une 1ère expérience : on se lance dans le grand bain avec un joueur de tennis n’ayant jamais vu un seul échange de padel de sa vie. Découverte totale garantie !
Nous avons été conviés à la présentation de la stratégie padel chez Decathlon. Une marque spécifique padel (Kuikma = plaisir en équipe en aztèque) verra le jour très bientôt pour remplacer Artengo qui restera centrée sur le tennis.
Après des explications en salle sur le marché, le positionnement de Kuikma et sa construction de gamme (élargissement de la gamme Artengo, surtout pour les joueurs experts), l’excitation monte quand on nous annonce que les travaux pratiques vont débuter sur les deux courts mis à notre disposition.
Deux groupes se forment naturellement, les débutants et les joueurs de bon voire très bon niveau.
Après une rapide explication des règles, essentiellement des précisions sur les rebonds autorisés contre les parois, on attaque les premiers échanges. Et là, ce sont spontanément les rires, les cris de joie qui enflamment le terrain. Les quatre joueurs débutants se prennent rapidement au jeu.
On s’amuse instantanément, pas de phase technique bloquante pour réaliser quelques coups sympas. L’apprentissage nécessaire est quasi immédiat. On est très loin du travail besogneux nécessaire avant de prendre vraiment du plaisir au tennis !
Bien sûr, la gestuelle acquise au tennis aide grandement au début, mais elle n’est pas non plus essentielle. On comprend vite que le lift n’est pas très efficace, qu’un bon slice vicieux fait davantage de dégâts sans forcer. Et les repères sur le court sont parfois trompeurs car nous ne sommes pas habitués à jouer des balles après rebonds sur les côtés, derrière…
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“La richesse du jeu : beaucoup de stratégie, du toucher, de l’endurance
et de la vitesse. “
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Plus le temps passe avec des échanges qui durent, et plus des tactiques se dessinent. On commence à frapper de moins en moins fort, à jouer énormément de lobs de relance et cela fait rapidement monter le cardio car c’est systématiquement plusieurs frappes à enchaîner…On décide alors de mélanger un peu les groupes, et nous allons essayer d’intégrer les «experts». Au tennis, un double composé de trois joueurs de bon niveau et d’un débutant ne serait pas vraiment une grande partie de plaisir si l’on décide de jouer un peu. Le débutant serait rapidement isolé et se sentirait auréolé du titre de maillon (très) faible.
Au padel, la dynamique d’équipe bat son plein, et l’on peut simplement participer légèrement en retrait mais en s’amusant vraiment tous. On profite des conseils pour réussir de plus en plus de coups corrects et même si à la fin, c’est bien la meilleure paire qui remporte la partie, le plaisir est permanent. On se rend compte de la richesse du jeu : beaucoup de stratégie, du toucher, de l’endurance et de la vitesse. La force pure n’est pas primordiale ! De débutant complet, on se met à rêver de faire une première vraie compétition, car, ça y est, oui, on est mordu ! Et lorsque l’on nous annonce la fin des échanges, on regrette déjà de ne pas avoir commencé plus tôt.
Le padel, c’est clairement la machine à fun à tous les étages : avec des niveaux hétérogènes, des adultes, des enfants, car si l’on pense pouvoir faire la différence en faisant parler sa puissance de tennisman, on réalise vite que l’intelligence de jeu (certains diront le vice) est finalement son meilleur allié. Au niveau des sensations de frappes c’est confortable, feutré et finalement bien moins traumatisant qu’au tennis. Pas de décentrages douloureux, d’impacts brutaux. Les caractéristiques des raquettes sont suffisamment différentes pour assurer la progression des joueurs, les chaussures sont quasiment des tennis de terre-battue, la surface est souple pour les articulations…
Alors, où est le piège? Est-ce le sport parfait?
On n’en est pas loin par la convivialité, la richesse et la dimension physique (adresse, vitesse et endurance). Les freins du développement du padel en France restent néanmoins encore relativement importants. Le premier est évidemment le manque d’infrastructures. Même si contrairement au squash, le padel peut aussi se jouer en extérieur, le manque de courts est problématique. Il y a environ 500 terrains en France, contre 32 000 de tennis. Des clubs 100% padel se montent ici et là, et la FFT encourage également les clubs de tennis à s’intéresser de près à cette nouvelle activité. Deux raisons essentielles : encourager la pratique en augmentant le nombre de licenciés et assurer une nouvelle voie de rentabilité. Car c’est bien là que le bât blesse : si la construction d’un terrain de padel est bien moins onéreuse que celle d’un court de tennis (deux fois moins cher grosso-modo), ce n’est pas vraiment ce que perçoit le joueur. Les locations horaires sont plus élevées qu’au tennis, il n’est pas rare de devoir payer 10 à 12 € par joueur (cas des heures pleines en région parisienne). À l’image de l’Espagne, tout le monde a intérêt à démocratiser ce sport qui rassemble si facilement. D’autant que le matériel n’est pas hors de prix (Artengo propose des raquettes de 15 à 79 euros qui combleront 99% des joueurs, y compris les experts), que les consommables (balles essentiellement puisqu’il n’y a pas de cordage) s’usent moins vite.
Vous aurez compris que l’équipe de Tennisaddict est emballée et que nous publierons régulièrement des tests et des informations 100% padel.
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TEST NOX ML LUXURY L4
Avec son pro-modèle ML10 Luxury L.4, la marque espagnole NOX commercialise la raquette du joueur argentin Miguel Lamperti, actuel 11ème mondial. NOX insiste sur le fait que les raquettes utilisées par ses champions sont strictement celles en vente dans les magasins.
Au niveau technologique, la ML10 Luxury L.4 utilise les dernières innovations de la marque barcelonaise :
• Cadre en carbone avec renforts 12K en tête (tresse multidirectionnelle)
• Dynamic Composit Structure : Système de protection contre les chocs et les rayures
• Noyau en gomme HR3 à haute densité
• Manche plus long pour une meilleure prise en main
• Système d’absorption des vibrations
Avec sa forme en diamant, son équilibre légèrement en tête et sa rigidité apportée par la composition 100% carbone du cadre, on s’attend à une raquette relativement puissante. Notre panel de testeurs (joueurs de padel purs et joueurs de tennis et padel) a clairement mis en avant un excellent compromis puissance/maniabilité. Cette NOX ML10 Luxury L.4 a tout d’une raquette d’attaquant ! Elle réjouira les joueurs agressifs allant vers l’avant et concluant les points au smash. Preuve de sa polyvalence, cette NOX nous a aussi donné de bonnes garanties en défense, car vous pouvez rapidement manoeuvrer votre raquette et laisser le cadre générer une bonne vitesse de balle.
En terme de sensations, elle est assez raide. Le toucher de balle reste néanmoins convaincant, surtout dans le petit jeu. Elle plaira davantage aux joueurs désirant avoir une réponse dynamique et franche à la frappe. Dans l’ensemble des phases de jeu, cette raquette procure une bonne tolérance au décentrage. La surface rugueuse du tamis favorise la prise d’effets qui est d’un bon niveau. Une bonne “main” est nécessaire pour compenser une précision un peu en retrait. Le contrôle est parfois jugé un peu aléatoire, mais reste tout à fait acceptable pour une raquette de ce type. En conclusion, la NOX ML Luxury L.4 a énormément de qualités mais exige un certain bagage technique et physique pour en tirer la quintessence. Assez rigide, elle requiert un niveau intermédiaire/confirmé pour contenir sa puissance. À noter que les joueurs de tennis habitués à des cadres lourds ont eu plus de facilité à dompter cette ML10 Luxury L.4, un peu comme un certain Arnaud Clément qui l’utilise régulièrement !
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BASTIEN BLANQUÉ
CHAMPION DE FRANCE EN TITRE AVEC SON COÉQUIPIER JOHAN BERGERON, LE TOULOUSAIN BASTIEN BLANQUÉ A CHOISI D’ALLER S’ENTRAÎNER EN ESPAGNE SOUS LES ORDRES DE RAMIRO CHOYA. LE JOUEUR AIDÉ PAR BABOLAT ESPÈRE AINSI PROGRESSER AU CLASSEMENT AFIN DE VIVRE DE SA DISCIPLINE.
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On vous présente souvent comme un «pur» joueur de padel. Est-ce exact ?
Oui en grande partie, même si j’ai joué au tennis de 6 à 11 ans, car mon père était dirigeant au club de Blagnac, avant de me tourner vers le foot puisque j’ai été gardien de but notamment dans les catégories U15 et U17 régionaux. Puis un jour, un peu par hasard, je suis allé jouer un dimanche dans le club «Paddle Plus» à Blagnac. J’avais 14 ans. Ça m’a tout de suite plu, j’y ai pris goût, j’ai commencé à faire de entraînements, de la compétition, à obtenir des bons résultats.
Aujourd’hui, avec votre palmarès, on peut dire que vous êtes un joueur «professionnel» de padel ?
Oui dans la mesure ou avec mon partenaire Johan Bergeron, je ne fais que ça, mon emploi du temps est totalement consacré à ce sport. Mais je ne gagne pas d’argent. Nous allons poursuivre cette expérience jusqu’à la fin de l’année et voir où elle nous mène. Vivre du padel dans quelques années, ce serait génial. Je pense que sur le circuit mondial, il faut être 50e ou 60e pour y parvenir (ndlr : Bastien est actuellement 166e mondial).
Comment avez-vous pu tenter l’aventure espagnole ?
En novembre 2016, Babolat m’a proposé d’aller en Espagne où vit leur responsable padel, et de m’aider en finançant mon équipement. J’ai donc appelé mon partenaire Johan Bergeron pour voir s’il était tenté par l’aventure et s’il pouvait quitter Lyon. Nous avons fait le tour des sponsors et dès février 2017, nous étions à Madrid, au Sanset Padel. En comptant l’appartement, les entraînements, la nourriture, les déplacements, une année pour deux revient à environ 55 000 euros.
Bien sûr on peut toujours rester en France. Mais si on veut apprendre, progresser en se confrontant aux meilleurs, s’immerger dans la culture padel, c’est là que ça se passe. Notre entraîneur Ramiro Choya a été nommé meilleur coach du monde en 2017. Grâce à ses conseils, à son exigence, nous avons beaucoup progressé notamment sur le plan tactique. Hubert Picquier qui s’occupe de la gestion du padel à la FFT est content que nous vivions là-bas et en même temps déçu qu’une telle structure n’existe pas encore en France.
À quoi ressemble une journée type ?
Nous avons un entraînement spécifique padel avec Johan dirigé par Ramiro Choya. Soit à deux soit à quatre, contre une autre paire, car notre coach s’occupe d’une team composée d’une dizaine de joueurs. Cette séance dure environ 1h30. Puis l’après-midi, nous avons en général un entraînement physique pur (là encore d’environ 1h30, c’est la salle Sport Pro Santé à Toulouse, spécialisée dans la préparation physique de haut niveau avec des techniques modernes venues d’Amérique du Nord, qui s’en occupe). Il s’agit d’avoir un bon gainage et des déplacements rapides, car le physique risque de prendre de plus en plus d’importance dans le padel moderne. Avant d’enchaîner sur des parties d’entraînement avec des joueurs du club. Donc c’est intense, pour éviter les blessures, il faut soigner les étirements, bien récupérer, bien dormir.
Quel regard portez-vous sur l’évolution du padel en France ?
Ce serait bien de rattraper petit à petit l’Espagne. Mais j’ai connu les débuts du padel en France, j’avais environ 15 ans, j’en ai désormais 23, et c’est le jour et la nuit. Nous avons maintenant l’appui d’une fédération qui a des moyens, des structures, des terrains se construisent un peu partout alors qu’avant on pouvait seulement jouer dans le sud de la France. Et même si on aimerait que les choses aillent encore plus vite, depuis que la FFT a repris le padel, la discipline n’a plus rien à voir. La Fédé organise notamment les championnats de France, aide et encadre les équipes de France féminine et masculine. Elle nous aide aussi avec Johan sur le plan financier. Sa présence rassure les clubs comme les structures privées qui investissent. Les médias commencent à s’y intéresser, Franck Binisti de Padelmagazine.fr fait aussi un énorme boulot, les choses commencent à se mettre en place. C’est très positif. Même s’il faudra probablement une dizaine d’années en France pour former des coachs, et créer une structure d’entraînement de haut niveau.
Le fait de venir du tennis constitue-t-il un avantage au padel ?
Dans un premier temps. On le voit avec Arnaud Di Pasquale et Arnaud Clément qui s’y sont mis, ils possèdent les bases techniques et physiques pour progresser. Donc ça les aide jusqu’à un certain seuil. Ensuite, il leur faudra apprendre la patience dans l’échange, les subtilités du jeu, varier les effets, etc. L’un des frères Rochus joue aussi très bien. Au padel, il y a un aspect coordination entre deux joueurs qui est primordial : avant d’aller en Espagne, on se connaissait peu avec Johan. En 6-7 mois, nous avons appris à nous connaître. Cette cohésion nous permet de bien anticiper, de savoir où l’autre est placé, comment il va réagir.
Quelles sont vos ambitions ?
Si possible atteindre le Top 120 d’ici la fin d’année sachant que nous tournons actuellement autour de la 170e place mondiale (fin juillet), avec un classement mis à jour chaque lundi, comme en tennis. A long terme, nous visons le Top 20-30. Et bien sûr continuer à remporter des titres de champion de France le plus longtemps possible.
FICHE D’IDENTITÉ
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• Né le 10 mai 1995, 23 ans
• 1m80, 82 kg
• Droitier, joueur de gauche.
• Champion de France 2017 / N°1 Français
• Membre de l’équipe de France 2017 / Championnats d’Europe à Estoril (4ème avec l’équipe de France)
• Equipementier : Total look Babolat, Raquette VIPER CARBON 2018