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Stan Smith, “je ne suis pas qu’une chaussure”

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UNE CARRIERE ACCOMPLIE

Avant de donner son nom à une chaussure devenue mythique, actuellement déclinée en une cinquantaine de modèles différents par Adidas, sans compter les coloris, Stan Smith a été un excellent joueur de tennis. Né en décembre 1946, cet Américain à la fine moustache pratiquait systématiquement le service-volée. Un jeu à risque, porté par une première balle surpuissante, qui permit à Smith de se hisser au sommet du tennis mondial. Avec notamment deux titres majeurs (US Open 1971, Wimbledon 1972) pour un total de 39 tournois remportés en simple selon l’ATP, plus 7 victoires en Coupe Davis avec l’équipe américaine. Sans oublier 5 majeurs en double avec son partenaire Bob Lutz. “Gentleman Stan”, son surnom en raison d’un fair-play de tous les instants, n’a jamais brillé à Roland-Garros, où son meilleur résultat reste un quart de finale en 1971 et 1972. ” “Je préfère la nourriture française à la terre battue”, rigole ce gaillard d’1,93m, qui était présent fin mai dans les allées de la Porte d’Auteuil.

DE MULTIPLES SOUVENIRS

“J’ai eu la chance de jouer contre les meilleurs joueurs du monde, Nastase, Connors, Laver, Ashe, Newcombe, Vilas, Borg, Mc Enroe. J’avais d’ailleurs du mal contre les gauchers pour retourner leur service, j’ai perdu 3 fois contre John, se souvient Stan Smith. Pour moi, les meilleurs sont Laver sans doute le meilleur de tous les temps jusqu’à Federer, sans oublier Sampras et Borg. Et de nos jours, Federer, Nadal et Djokovic. Mon meilleur souvenir reste ma victoire à Wimbledon, car j’ai toujours voulu gagner ce tournoi, après une défaite 6/4 au 5e set en 1971, j’ai battu Nastase l’année suivante. En plus c’est aujourd’hui, le seul Grand Chelem sur herbe, ce qui lui donne un côté spécial. La Coupe Davis reste aussi une épreuve spéciale pour moi avec 7 victoires en 11 participations. Quand on jouait à l’étranger, la foule était aussi notre adversaire. Jouer pour son pays, ça reste un moment incroyable. Ma ligne de conduite est qu’il faut jouer du mieux que l’ont peut mais en restant fair-play. Le tennis te permet de voyager, de rencontrer plein de gens, de voir comment les gens vivent”.

STAN SMITH AUJOURD’HUI

“Beaucoup de gens croient que je ne suis qu’une chaussure et ignorent même que j’existe et que j’ai été un joueur de tennis !”, plaisante volontiers le sportif, aujourd’hui à la tête d’une académie de tennis sur l’île de Hilton Head en Caroline du Sud. Il apprécie particulièrement la France, l’un des marchés les plus porteurs pour les chaussures qui portent son nom. Stan Smith vient chaque année à Roland Garros, invité dans la loge d’Adidas. Quand la marque décide de ressortir son produit phare après plus de deux ans d’absence début 2014, il est naturellement le pilier de l’opération commerciale. Lorsque les premières paires sont commercialisées à Paris dans le concept-store Colette à la mi-janvier, c’est lui qui sert les premiers clients ! Père de 4 enfants, marié en 1974 à l’ancienne joueuse Marjory Gengler, celui qui a gagné 1,7 millions de dollars sur les courts est devenu en septembre 2011 président de l’International Tennis Hall of fame. Il fut aussi un des membres fondateurs de l’ATP et coach de l’équipe américaine aux JO de Sydney. Sa société Stan Smith Events propose des voyages clés en mains lors d’événements sportifs en compagnie de stars du sport, dont Stan Smith lui-même (les tournois du Grand Chelem, les Masters de Golf d’Augusta, la Coupe du monde de rugby figurent à son catalogue cette année). Elle commercialise également des séjours pour des entreprises autour d’opérations de team-building.

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“Je préfère la nourriture francaise

 à la terre battue”

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LE DEBUT DE L’HISTOIRE AVEC ADIDAS

“Ma relation avec Adidas est très spéciale. A la fin des années 70, ce modèle de chaussures avait besoin de la bonne personne au bon endroit, ils voulaient intégrer le marché américain à la fin des années 70. C’était la première chaussure en cuir, on pouvait et on peut encore la porter avec presque tout. A l’époque c’était une chaussure high-tech. Ces 20 dernières années, il s’est développé une sorte de culte autour”, s’amuse Stan Smith. Pour la petite histoire, ce modèle a d’abord été conçu en 1964 avec Robert Haillet, un joueur français à la retraite devenu directeur commercial chez Adidas. Un succès en Europe qui ne se traduit pas sur le marché américain en plein essor. Le patron d’Adidas, Horst Dassler, décide en 1971 d’associer sa chaussure à un sportif en vogue. Le modèle est rebaptisé “Stan Smith” en hommage au numéro 1 mondial de l’époque. Même si entre 72 et 74 les noms de Smith et Haillet ont figuré tous les deux sur la première chaussures de tennis en cuir de l’histoire.

UN SUCCES INATTENDU

La légende voudrait que Stan Smith ait signé avec Horst Dassler un accord prévoyant qu’il toucherait un dollar par paire vendue. En 1990, la Stan Smith est entrée dans le Guinness Book avec 22 millions de paires écoulées. Avant d’atteindre 40 millions de paires puis sans doute près de 80 millions aujourd’hui. Le succès a pris forme sur les courts de tennis. “Beaucoup de joueurs portaient la “Stan” parce que c’était la meilleure. Mais cela en irritait beaucoup qu’elles soient à mon nom… Il y avait de la jalousie à mon égard. Je me souviens d’un joueur sud-américain qui avait trafiqué ses Stan Smith en collant un sticker Lotto dessus, parce qu’il était sponsorisé par cette marque. Je lui avais dit:  “Hey, mais tu portes mes chaussures ! Il m’avait répondu: ” Oui, mais surtout, ne le dis à personne”, se souvient l’Américain. À partir de 1980, les chanteurs de hip-hop (Beastie Boys, le groupe de rap Run-D.M.C. ou IAM dans son tube “Je danse le mia”) ont porté les chaussures blanches tandis que les hard-rockers avaient adopté la noire comme attribut identitaire. Encore aujourd’hui Usher ou Jay Z ont plébiscité ce symbole de la “branchitude” que se doit de porter n’importe quel hipster. Pharrell Williams a même imaginé un modèle Stan Smith pour Adidas, actuellement en rupture de stock, tandis que de nombreux top models ne s’en sépareraient pour rien au monde.

BORG LES A AUSSI PORTEEES

En 1975, le Suédois Bjorn Borg porte déjà tous les accessoires qui vont faire de lui une icône : les premières tenues Fila, le bandeau pour dompter ses longs cheveux et sa raquette Donnay. Seules manquent encore les chaussures Diadora. C’est d’ailleurs avec des Stan Smith aux pieds “qu’Iceborg” remporte son deuxième Roland-Garros. Trop heureux, Adidas s’est même offert un encart publicitaire dans L’Çquipe du lendemain pour fêter l’événement.

UN RETOUR SAVAMMENT ORCHESTRE

Après avoir annoncé la fin de la commercialisation des Stan Smith en 2011, la marque aux 3 bandes redonne espoir aux fans en annonçant leur retour dans un tweet posté le 31 mai 2013. Puis en décembre, elle publie sur youtube des vidéos à la gloire de la chaussure, dans lesquelles interviennent des artistes et des sportifs comme Andy Murray, qui racontent leurs souvenirs liés aux “Stan”. Début 2014, la production a été relancée. Le 15 janvier 2014, quarante-huit heures ont suffi pour écouler les stocks disponibles dans une centaine de boutiques en France et sur le site Internet.

UN REPOSITIONNEMENT MODE RÇUSSI

Produites dans des matériaux plus haut-de-gamme, remises au goût du jour avec un design plus moderne tout en restant fidèle à leur look d’origine, les Stan Smith s’achètent désormais dans les boutiques de mode. Finis les magasins de sport. Elles sont redistribuées uniquement dans des magasins de mode, triés sur le volet : en France, ce sont à la fois des boutiques Adidas Originals – l’enseigne lifestyle de la marque – et des magasins multimarques ou concept stores pointus. Vendues environ 200 francs lors des années 80-90 (soit 30 euros), les Stan Smith sont également bien plus chères aujourd’hui : entre 70 et 130 euros pour un prix moyen d’environ 95 euros. On peut même customiser ses Stan Smith comme on le souhaite en créant son propre dessin sur chaque élément, en choisissant son matériau.

Stan Smith by Pharell

LES STARS EN RAFFOLENT

Parmi les accrocs aux Stan Smith, l’hebdomadaire “Elle” cite, photos à l’appui, Rita Ora, l’acteur anglais Jude Law, le top Cara Delevingne, Pharrell Williams, Marc Jacobs, Kanye West ou l’acteur français Jérémie Elkaim. En 2013 pour le magazine Vogue, Gisèle Bundchen a réalisé une séances photos devenue mythique où, nue, elle ne portait que des Stan Smith, à chaque fois photographiée avec son double.

LA FRANCE UN MARCHÇ À PART

Sur les quelque 80millions de paires vendues depuis la création en 1964, beaucoup l’ont en effet été dans l’Hexagone. C’est d’ailleurs le dernier marché à être resté fidèle dans les années 2000, quand la mode des “Stan” a faibli. Mais ce succès en agace certains. En janvier 2015, Openminded, un site d’info et de divertissement a imaginé un canular annonçant l’apparition du gang des Anti Stan Smith (ASS) : deux types cagoulés étaient supposés passés à la bombe de peinture les célèbres baskets blanches dans les rues de Paris. Tandis que sur Instagram, le nommé “Stansmithophobe” se moque du comportement de moutons des adeptes de la basket. La rançon de la gloire ?